Kirill Ukolov
Travaux
Aux architectes anonymes
2011
Volume : béton cellulaire taillé, mortier, fers à béton; plans : bâche plastique, peinture
Volume : 300×300×80, plans : dimensions variables
Au pied des Pyrénées, pas loin de la ville de Tarbes, se trouve un centre commercial. C’est un univers à part entière, qui peut satisfaire tous les besoins matériels de la population, aussi bien que ses besoins culturels : un théâtre, un cinéma et le centre d’art Le Parvis sont implantés dans les galeries marchandes. Ce concept continue la tradition d’organisation de la vie de la société autour de la place du marché.
En dissonance à la vue majestueuse des montagnes du point de vue de son architecture, le centre commercial a été construit il y a plus de trente ans. Les codes architecturaux et les matériaux utilisés, qui étaient à la pointe de la technologie à l’époque, ont vite vieillis. Aujourd’hui, ce bâtiment a un aspect rétro-futuriste. Les petites reconstructions qui se sont enchaînées au fil des années, témoignent de son vécu, de notre passé immédiat qui, devant nos yeux, devient histoire.
L’installation « Aux architectes anonymes » est un fragment d’architecture bâti en béton cellulaire taillé qui reprend la forme d’un élément d’emballage en polystyrène. Le matériau utilisé, le béton cellulaire, est très proche du calcaire utilisé par les tailleurs de pierre du Moyen Age et, encore avant, de l’Antiquité. Le processus traditionnel de taille à la main, les traces d’instrument et les inévitables imperfections du travail artisanal sont le vrai propos plastique de la pièce qui contribuent à la transformation d’un emballage éphémère en vestige historique tout autant que le changement d’échelle. L’arc est enfoncé dans le mur comme si sa construction était antérieure à celle du centre d’art.
A coté du volume imposant on aperçoit, étalées par terre, des bâches qui ressemblent aux plan d’architecture sur calque. La composition de ces bâtiments imaginaires évoque des temples ou des stades, des édifices majestueux d’une époque héroïque. En fait, ce sont les mêmes emballages en polystyrène, qui ont inspiré la forme de l’arc, imprimés sur de la bâche plastique. Un plan, fait habituellement à une échelle réduite par rapport à ce qu’il représente, ici est une empreinte directe en taille réelle, tandis que le volume à coté est un résultat d’agrandissement, de changement d’échelle de l’objet réel.