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Kirill Ukolov

Travaux

0,2 m³/h

2011

Bâche plastique thermoformée

Dimensions variables

0,2 m3/h

A l’intérieur de la salle d’exposition, sur le mur blanc et lisse qui fait face à la cour, Kirill Ukolov imagine une végétation dont l’atrium est selon lui curieusement dépourvu. Une culture indoor qui ressemble à un gigantesque champignon lichénisé et évoque le passage du temps.

L’imposante masse verte qui occupe la pièce saisit le spectateur d’une vive émotion, comme le ferait, à une autre échelle, une œuvre d’Anish Kapoor. Ukolov nous confronte au mystérieux et au fantastique en distordant notre rapport à l’espace et notre perception du relief. Il nous fascine aussi, par la pureté de la couleur et l’énigmatique matière qui invite à s’approcher, à poser la main.

Il s’agit de lamelles thermoformées et minutieusement agglomérées. L’impression de forme organique pourtant subsiste et renvoie aux paysages anarchiques qui alimentent nos rêves d’évasion. L’exploration commence.

Derrière cette colline verte on découvre l’empreinte du mur sur lequel elle a été édifiée. Les strates ainsi révélées nous transportent dans l’esprit du géologue analysant la structure d’une terre dont on ne percevait jusqu’alors que la croûte. Face aux traces d’une épopée artistique singulière, nous partageons alors le dessein de l’artiste de questionner notre monde jusque dans son dans son antre et de le reconstruire patiemment... à la vitesse de 0,2 m³ par heure.

L’œuvre proposée par Kirill Ukolov se rapporte à la fois à la sculpture, l’installation et la performance.

Sculpture parce qu’il y a là une volonté de modeler la matière jusqu’à l’obtention d’une forme esthétique. Le matériau ici n’est pas noble, et pourrait d’ailleurs suggérer l’abondante consommation polymère de notre siècle, mais il est utilisé par l’artiste, comme l’entendait son compatriote Zadkine, avec « amour et poésie ».

Installation car l’œuvre modifie l’expérience de l’espace qui l’accueille, de joue des codes architecturaux et transforme nos certitudes en de fragiles croyances.

Performance enfin car la création de l’artiste se veut aussi théâtrale. Il faudra ne pas manquer le découpage à la scie de cette œuvre éphémère, en échantillons dont le prix sera fixé au mètre cube. Action qui n’est pas sans rappeler les carrières de l’époque romaine d’où était extraits ce qui devait devenir les futurs chefs-d’œuvre de l’histoire de l’art.

Il appartiendra à chacun de voir dans l’entreprise de Kirill Ukolov une prouesse technique ou une folie créative. Il n’en reste pas moins que dans cette représentation « mycologique » de notre monde se trouvent les secrets d’un romantisme que l’on croyait perdu.

Olivier Gal

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